La très belle mobilisation d’avant-hier à Barjac nous a donné l’occasion de revenir sur le dossier des gaz de schiste lors de la dernière émission « Soleil vert » des Amis de la Terre Drôme sur Radio Saint Ferréol. L’occasion de refaire un petit tour d’horizon international de l’évolution de ce dossier, en version écrite ci-dessous, pour voir si, comme on nous l’annonçait en 2011, nous serions les seuls êtres humains étranges sur cette planète à ne pas mourir d’envie de découvrir et d’exploiter une telle richesse là, juste sous nos pieds…
Royaume-Uni
La bataille fait rage depuis des années en Angleterre mais aussi ailleurs dans le Royaume comme en Ecosse. Le gouvernement conservateur de David Cameron est à fond pour le développement des GDS et a fait tout ce qui était en son pouvoir pour y inciter les collectivités locales. De nouveaux permis d’exploration ont encore été octroyés fin 2015. Face à la menace, la mobilisation ne faiblit pas avec nombre d’associations vent debout contre ces projets partout dans le pays, avec un résultat concret : il n’y a pas eu de fracturation hydraulique depuis 4 ans! Le cas en cours de Cuadrilla, devant les tribunaux, sera important pour la suite des événements mais la plus grande menace actuelle réside dans le faible prix du gaz, et celui encore plus faible des importations de GDS américaines qui pourraient bientôt débarquer…
Allemagne
La dernière nouvelle d’Allemagne sur les GDS réside dans une nouvelle loi qui autorise mais encadre strictement la fracturation hydraulique, issue de longs mois de négociations. On se demande bien ce que pourraient lui apporter les GDS dans le processus de transition énergétique lancé depuis longtemps outre-Rhin…
Espagne
70 permis ont été octroyés pour du pétrole conventionnel ou des GDS. La fracturation hydraulique a été interdite dans plusieurs régions du pays mais le gouvernement central de Madrid a jugé qu’il était de sa compétence de légiférer sur ce sujet, pour finalement autoriser l’exploration. Mais on reste loin de la ruée…
Pologne
En parlant de ruée, l' »exemple » à suivre qu’on nous présentait en 2011, c’était la Pologne, si heureuse de pouvoir se passer du gaz russe pour des décennies grâce aux GDS… Eh bien là bas la bulle a totalement explosé, les estimations de réserves de GDS ont fondu comme neige au soleil et le nombre de permis d’exploration est en nette diminution, avec au total 70 puits d’exploration forés. Mais surtout, les géants américains de l’énergie qui s’étaient rués dans le pays, les Chevron, Exxon et ConocoPhillips, ont plié bagages et sont sortis du pays! Comme en Roumanie qui a elle carrément interdit la fracturation hydraulique, comme la France!
Québec
Pas beaucoup d’évolution sur le sujet chez nos cousins québécois, qui avaient été à l’origine de la rapide prise de conscience sur ce sujet chez nous il y a cinq ans. Aucun moratoire n’a été adopté sur la fracturation hydraulique mais son exploitation à grande échelle est toujours gelée même avec un gouvernement libéral, par manque d’intérêt économique et opposition des populations locales.
Canada/Etats-Unis
Dans le reste du Canada et aux Etats-Unis, où l’exploitation bat son plein depuis des années, ce qui retient l’attention ce sont les moratoires qui y ont été adoptés eux: au Nouveau-Brunswick mais aussi au Vermont et même dans l’Etat de New York! La période est assez trouble en ce moment aux Etats-Unis avec d’un côté une production qui bat son plein et l’autorisation d’exportations, et de l’autre des champs gaziers entiers qui arrivent à bout de souffle et une baisse générale de la production prévue cette année, avec des pertes économiques monumentales pour certaines entreprises en faillite à cause des prix bas continus du pétrole.
Algérie
Intéressantes nouvelles en Algérie où on se souvient de la mobilisation incroyable des populations locales même au fin fond du sud du pays dans le Sahara! Malheureusement, le gouvernement algérien n’avait pas cédé aux protestations… mais il vient de céder lui aussi à la baisse des prix du pétrole en arrêtant nette l’exploration. Qui est censée reprendre si le prix du pétrole remonte à 80 dollars le baril…
Argentine
On se souvient pour l’Argentine de l’implication de Total dans un parc naturel! Qu’avait pu nous raconter les argentins qui avaient fait le déplacement en 2014 dans notre région. Malgré l’opposition des populations locales, c’est en Argentine que les GDS se développent le plus dans le monde en dehors d’Amérique du nord avec 300 puits forés à ce jour.
Chine
L’Argentine et la Chine enfin, qui suit son développement énergétique sur le modèle du ‘tout sauf le charbon’, incluant donc les GDS…
Loin d’être la ruée vers l’or internationale annoncée à laquelle seule la France aurait échappée, on constate donc 5 ans plus tard que la ruée est plus l’exception que la règle, que les réserves envisagées ont fondu comme neige au soleil dans de nombreux pays, que le mirage économique s’est révélé terrible également dans de nombreux endroits. Les raisons de ne pas toucher à ces réserves, elles, n’ont pas changé et sont valables plus que jamais, à commencer par la crise climatique. Gaz de schiste, ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain!