Le plomb dans l’eau à Crest : un problème loin d’être réglé

Ma tribune du jour publiée dans le Crestois avec Franck.

Un article récent du journal numérique le Bec, publié le 28 octobre dernier, est venu rappeler que contrairement à ce que laisse entendre Hervé Mariton, le problème du plomb dans l’eau à Crest est loin d’être réglé. 

Plus de 16 ans après la première alerte en 2003, 13 ans après l’engagement pris par la municipalité de remplacer les 1 600 branchements en plomb de la commune avant 2013, – engagement pris en 2006 dans le premier volet de l’agenda 21-, 4 ans après le dernier scandale lié à au moins 3 cas de plombémies trop élevées chez des enfants de la ville, il restait encore, au 1er janvier dernier… plus de 400 branchements au plomb à Crest. 

Malgré les demandes répétées du collectif crestois « Du plomb dans l’eau » formé en 2015, et une action en justice, nous ne savons toujours pas où se trouvent ces centaines de branchements en plomb restants, Hervé Mariton refusant obstinément d’indiquer ne serait-ce que les quartiers toujours concernés par ce problème. Depuis la vague d’envoi de lettres d’information aux habitants concernés fin 2015/début 2016, les nouveaux locataires qui se sont installés dans ces logements n’ont pas été informés des risques encourus. Seule une page sur le site internet de la ville, remise seulement récemment à la une du site suite à la publication de l’article du Bec, donne quelques informations sur ce problème de santé publique. 

Le plomb est en effet une substance toxique pour l’organisme, même à faible concentration, et les enfants en bas âge et les femmes enceintes sont les plus exposés et les plus vulnérables. La mairie de Crest n’a pourtant fait aucune démarche pour sensibiliser régulièrement les établissements de la petite enfance du territoire (PMI, RAM, crèche, écoles maternelles, cabinets médicaux) pour informer plus particulièrement cette population à risque par le biais d’affiches ou de prospectus, malgré les cas de plombémies trop élevées évoqués plus haut.

Les témoignages recueillis par le Bec nous apprennent également que la communication directe avec les Crestois concernés n’est pas brillante non plus : erreur d’information dangereuse de la mairie qui a assuré à une habitante que son logement ne comportait aucun risque avant que celle-ci ne réalise sa propre analyse prouvant le contraire ; absence de réalisation des travaux promis ou travaux faits au coup par coup, quatre fois dans la même rue, plutôt que de façon coordonnée ; contradiction dans les explications données sur la priorisation de ces travaux, la mairie indiquant d’un côté au journal prioriser les enfants en bas âge et les femmes enceintes, mais de l’autre plutôt les logements ayant les taux de plomb les plus élevés en réponse à l’une des mamans de jeune enfant rencontrée, laquelle a dû attendre 3 ans pour qu’on lui change son branchement en plomb. Une problématique majeure reste celle de l’information des nouveaux arrivants, la mairie assurant évoquer le sujet lors de la réunion d’accueil collective annuelle, à laquelle l’une des habitantes interrogées a participé sans jamais y entendre le mot “plomb”…  On ajoutera à cet inventaire ubuesque le fait qu’il avait fallu des mois pour qu’Hervé Mariton finisse en 2016 par reconnaître et respecter la loi et qu’il prenne en compte les résultats des analyses d’eau réalisées au premier jet, et non au deuxième jet comme il avait commencé à le faire. 

Au-delà des risques liés à la santé, ce sont enfin les pertes financières pour la commune qui interpellent dans ce dossier. Hervé Mariton ayant jugé que les nouvelles normes européennes en la matière étaient « stupides » lors du conseil municipal du 28 juin 2013, il a laissé passer la possibilité de bénéficier à grande échelle des subventions européennes et de l’agence de l’eau pour remplacer tous les branchements en plomb de la ville, et pas seulement une partie, avant l’abaissement de la norme en 2013 et la fin de ces aides. Il était pourtant au même moment rapporteur du budget de l’eau à l’Assemblée Nationale, et donc le premier informé de ces subventions et de la date limite de 2013, celle-ci ayant été adoptée dans une directive européenne de 1998, 15 ans plus tôt. Résultat des courses : jusqu’à 580 000 euros de travaux initialement prévus pour la période 2016 – 2019, auxquels s’ajoutent jusqu’à 346 000 euros par an ces prochaines années, qui auraient pu être réalisés et surtout bien mieux subventionnés avant 2013. Hervé Mariton s’est ainsi retrouvé contraint ces dernières années de mobiliser des subventions qui auraient pu être utilisées à d’autres usages que le remplacement des branchements en plomb, soit plusieurs centaines de milliers d’euros de perte pour la commune.  Et il a surtout fait porter l’essentiel de cette charge financière sur les épaules des crestois, en augmentant la surtaxe communale pour la distribution de l’eau potable de 132% pour sa part fixe (de 11 à 25,49 euros par an), et de 21% pour sa part variable (de 0,5806 à 0,7011 euros / m3). Pas brillant pour quelqu’un qui se veut champion des subventions, et qui rappelle à qui veut l’entendre qu’il n’a jamais augmenté les impôts à Crest depuis 24 ans. Les impôts, non, mais les taxes communales, oui. Les Crestois apprécieront la nuance, surtout quand cette augmentation est directement due à une erreur de jugement irresponsable de leur maire.

Pour mettre fin à cette gabegie et à cette gestion affligeante d’un problème de santé publique, les candidats aux élections municipales devraient s’engager à publier en mairie et sur le site internet de la ville la carte des quartiers/rues où il reste des branchements en plomb, à informer régulièrement et correctement les habitants concernés, et à indiquer clairement la démarche suivie quant aux travaux pluriannuels de remplacement de ces branchements en plomb. 

Yann Louvel et Franck Flachenberg

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